Bombardements au Cambodge

Entre 1965 et 1973, dans le cadre de la guerre du Vietnam, les États-Unis ont mené des bombardements intensifs au Cambodge.

Cette campagne, initialement secrète, visait à détruire les bases arrière des forces communistes vietnamiennes qui utilisaient des sanctuaires en territoire cambodgien pour mener des opérations contre le Sud-Vietnam.

Les bombardements ont été particulièrement intensifiés sous les administrations de Lyndon B. Johnson puis de Richard Nixon. Opération Menu et Opération Freedom Deal La campagne de bombardement américaine a été menée en plusieurs phases, les plus connues étant l’opération Menu (1969-1970) et l’opération Freedom Deal (1970-1973).

L’opération Menu était divisée en sous-opérations portant des noms de repas (comme Breakfast, Lunch, Dinner), couvrant des zones spécifiques le long de la frontière cambodgienne avec le Sud-Vietnam.

Opération Menu : Environ 108 000 tonnes de bombes ont été larguées entre mars 1969 et mai 1970 sur le Cambodge. Cette phase a été gardée secrète, avec des rapports officiels maquillant les bombardements comme étant situés au Sud-Vietnam.

Opération Freedom Deal : Après l’invasion du Cambodge par les forces américaines et sud-vietnamiennes en 1970, Nixon a intensifié les frappes, en particulier sur les régions contrôlées par les Khmers rouges et les forces vietnamiennes communistes.

Les bombardements se sont étendus au-delà des zones frontalières pour couvrir une grande partie du Cambodge, y compris des zones densément peuplées. Impacts des bombardements Les bombardements massifs ont eu des conséquences tragiques pour le Cambodge :

1. Victimes civiles : On estime qu’entre 150 000 et 500 000 Cambodgiens, pour la plupart des civils, ont été tués. Les frappes aériennes ont touché de nombreux villages, causant des déplacements massifs de populations et des souffrances considérables.

2. Déplacements de population : Des centaines de milliers de Cambodgiens ont dû fuir leurs villages. Ces déplacements ont aggravé les conditions de vie, créant une crise humanitaire et semant la colère contre le gouvernement cambodgien et les Américains.

3. Instabilité politique : La violence et le chaos provoqués par les bombardements ont contribué à déstabiliser le régime de Lon Nol, qui avait pris le pouvoir lors d’un coup d’État soutenu par les États-Unis en 1970.

Les bombardements ont également permis aux Khmers rouges, qui initialement ne comptaient que quelques milliers de membres, de recruter massivement parmi une population traumatisée et en colère.

4. Montée des Khmers rouges : Profitant du ressentiment contre les bombardements et l’instabilité politique, les Khmers rouges ont rapidement augmenté leurs effectifs. Ils ont mobilisé les populations rurales, souvent en utilisant la propagande anti-américaine, pour renverser le régime de Lon Nol.

En avril 1975, les Khmers rouges ont pris le contrôle de Phnom Penh et ont instauré un régime radical qui a mené au génocide cambodgien.

5. Héritage explosif : Les bombes non explosées restent encore aujourd’hui un problème au Cambodge. Des terres agricoles, des villages et des zones habitées sont contaminés par des munitions non explosées, qui continuent de provoquer des accidents et des blessures graves des décennies après la fin des bombardements.

Bilan historique

Les bombardements américains au Cambodge, qui ont été parmi les plus intenses jamais menés dans un conflit, ont laissé des séquelles profondes.

Le bilan humain est lourd, avec des villages détruits, une économie rurale ruinée, et une société marquée par la violence. Les événements ont également contribué à l’ascension au pouvoir d’un des régimes les plus meurtriers du XXe siècle, celui des Khmers rouges, qui a orchestré la mort de près de deux millions de personnes.

Aujourd’hui, le Cambodge porte encore les traces de cette période, tant sur le plan historique que physique, en raison de la présence persistante de restes explosifs, qui constituent une menace pour les populations rurales.

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